Les drogues sont liées aux préoccupations de certains des auteurs les plus marquants de la modernité littéraire. Si elles représentent l'interdit et la perdition, il existe également une certaine tradition qui voit dans leur usage un outil de connaissance, aussi dangereux soit-il. Ernst Jünger, dans un ouvrage qui retrace sur un mode personnel l'histoire des drogues au XXe siècle, Approches, drogues et ivresse, propose de penser leur usage de façon dialectique. Il y a bien sûr la menace de la perte, mais également, propose-t-il, la possibilité d'un gain: «Avec la distance croît aussi l'effort. Oublier quelque chose, fuir quelque chose et d'autre part vouloir atteindre, gagner quelque chose — c'est entre ces pôles que se meut tout le problème de l'ivresse.» (Jünger, 1973: 145)